L’initiation au rigging du BHC : 1ʳᵉ étape vers une reconnaissance du métier
En octobre dernier et pour la deuxième année consécutive, le Black Hand Crew a saisi une opportunité de taille : celle d’animer une formation d’initiation au rigging! Cette initiation a été rendue possible grâce au soutien de l’ATPS et de ses membres, et à la collaboration bienveillante de Coralie Berael, Directrice de Forest National, et de son équipe.
Dans cet article, nous vous expliquons pourquoi cette initiative représente une avancée significative à nos yeux et les enjeux qui l’entourent. Nous tenons également à remercier tous les acteurs qui y ont pris part et qui agissent activement à la reconnaissance du métier de rigger.
Le statut du rigging en Belgique
Aujourd’hui, en Belgique, il n’existe encore aucune formation certifiante pour le métier de rigger et celui-ci n’est, par ailleurs, pas reconnu en tant que tel. Il représente pourtant un savoir-faire indispensable à l’organisation des spectacles et concerts.
Plus qu’une branche du métier de technicien du spectacle, le rigging est un métier à part entière. Il nécessite des compétences spécifiques, notamment liées aux enjeux de sécurité du travail en hauteur.
Une opportunité de faire évoluer notre statut
Inutile de préciser que cette absence de statut rend le quotidien des riggers difficile. Durant les longs mois d’inactivité induite par la pandémie, beaucoup ont d’ailleurs dû se reconvertir pour pouvoir continuer à percevoir des revenus.
C’est pour cette raison que le Black Hand Crew milite pour que ça change ! Et c’est pourquoi nous avons répondu positivement à l’appel de l’ATPS (Association de Technicien.ne.s Professionnel.le.s du Spectacle).
La mise en place de l’initiation au métier de rigger
Il y a deux ans, Sophie Bernoville, coordinatrice et administratrice à l’ATPS, a contacté Raph (Raphaël Altenhoven du BHC) afin de lui proposer d’animer une formation d’initiation au rigging que l’Association projetait d’organiser. À cette époque, le Black Hand Crew venait d’être créé et le nom de notre crew commençait à circuler dans le réseau des métiers du spectacle.
Si Raph a été formé par Techniscene (certification de travaux en hauteur, accroche/levage et rigging), son expérience du métier a été principalement acquise sur le terrain. Il s’est donc d’abord remis en question, car il ne se voyait pas vraiment revêtir l’habit de formateur. Cependant, il a également vu cette proposition comme un tremplin pour une reconnaissance du métier.
Encouragé par les membres du BHC, il a accepté de relever le défi : transmettre au mieux ses connaissances et générer un intérêt autour du rigging, de la part d’éventuelles recrues, mais aussi chez les acteurs du monde des arts du spectacle.
Comment ça s’est déroulé ?
Une première initiation de 4 jours a eu lieu au Palais 12 de Bruxelles, en 2021. Celle-ci était proposée à un groupe de 12 personnes. Certaines d’entre elles se destinaient à ce métier et d’autres étaient désireuses d’ajouter cette corde à leur arc de technicien du spectacle. Parmi les participants, plusieurs sont aujourd’hui membres du Black Hand Crew.
Pour l’édition 2022, c’est dans la mythique salle de Forest National que se sont déroulées ces 4 journées d’initiation. La formule a été adaptée avec un premier groupe de 6 personnes, pour un meilleur accompagnement de chacun des participants. Raphaël a également appris de son expérience et a pu adapter son discours pour adopter une approche plus pédagogique et plus efficace.
Le rigging : un métier de terrain !
Si cette initiation est une bonne première approche du rigging et offre les bases nécessaires, l’essentiel du métier doit tout de même être appris sur le terrain, à force d’expérience. C’est pourquoi Raph entend aussi accueillir les futurs riggers lors d’événements sur lesquels travaille le Black Hand Crew.
Par ailleurs, le milieu dans lequel évolue les riggers est parfois éprouvant physiquement et mentalement. Pour apprendre, il faut être confronté à des difficultés concrètes et parfois, à des échecs. C’est aussi cette réalité que tente de véhiculer notre crew au cours de l’initiation.
Le rôle de l’ATPS
L’Association de Technicien.ne.s Professionnel.le.s du Spectacle a pour objectif de défendre, promouvoir et entraider tous les métiers de techniciens du spectacle et, notamment, les moins connus et non reconnus. C’est dans ce cadre que l’ATPS et ses membres ont identifié la promotion du métier de rigger comme un enjeu essentiel de ses actions.
Conscients que le rigging est absolument nécessaire pour les spectacles, ils ont eux-aussi constaté qu’il n’était pas enseigné dans les écoles et qu’il n’avait pas de statut officiel. Le terme de « rigging » n’est d’ailleurs souvent pas ou peu connu par les pouvoirs politiques.
Avec cette initiation, l’ATPS lance la première étape d’un projet à moyen et long terme : l’existence de formations certifiantes et une reconnaissance globale du métier.
L’octroi d’aides significatives
Pour que cette initiation voie le jour, l’ATPS et ses membres ont pu bénéficier de la mise en place d’un partenariat (financier et au-delà) avec le Fonds 304 (fonds social de formation du secteur des arts du spectacle). Cet appui de taille renforce évidemment la pertinence de nos réclamations et aidera l’ATPS à user de son positionnement dans son échange avec les pouvoirs politiques et syndicaux.
La collaboration avec Forest National
Après le Palais 12, c’est Forest National qui a eu la gentillesse d’accueillir l’initiation au rigging en ses lieux. Il s’agit d’une salle que nous apprécions tout particulièrement et qui, selon nous, répond parfaitement à nos attentes dans le cadre d’une formation de rigger.
Car pour pouvoir former les participants efficacement, nous avons bien sûr besoin d’un lieu adapté. Nous devons disposer d’une salle de spectacle de grande envergure et qui dispose d’un grid suffisamment haut pour pratiquer, dans des conditions similaires à ce que nous rencontrons quotidiennement.
Cette collaboration a été rendue possible grâce à deux principes qui caractérisent le milieu du spectacle et en font la force : le réseautage et l’échange de savoirs et de services. En un mot : l’entraide ! Nous remercions donc Coralie Bereal et son équipe (technique, notamment) pour cet accueil chaleureux et leur soutien. Nous espérons pouvoir poursuivre notre collaboration dans les années à venir.
Une action militante pour une reconnaissance pas à pas
Grâce aux contacts que nous avons obtenus et aux structures qui ont décidé de mettre en lumière les réalités de notre métier, nous sommes décidés à nous impliquer toujours plus dans ces formations d’initiation au rigging. Comment ? En donnant de notre temps et en améliorant nos compétences pédagogiques, mais également en investissant dans du matériel destiné à la formation des futurs riggers.
Au Black Hand Crew, nous avons bon espoir que les choses bougent enfin pour notre métier. Merci encore à tous les acteurs du milieu qui se sont impliqués dans ce projet et qui militent à nos côtés !