Central Tour : Black Hand Crew rigging sur la tournée des 40 ans d’Indochine
C’est vrai, le crew à l’habitude de vivre des expériences assez exceptionnelles. Le BHC prend part à des événements qui ressemblent jusqu’à des dizaines de milliers de personnes et il nous arrive de bosser sur des concerts tout simplement dingues. Mais la tournée des stades d’Indochine a eu pour nous une saveur particulière.
Records, challenges, stress, émotions fortes : le Central Tour qui s’est déroulé sur 6 dates, entre le 21 mai et le 3 juillet 2022, a marqué notre équipe à vie et participe à l’évolution du Black Hand Crew. Parmi nos riggers sur place, Alban et Alex étaient présents à chaque concert. On vous livre aujourd’hui leur expérience et on vous en dit un peu plus sur ce projet fou que nous avons eu la chance d’accomplir.
Une tournée qui bat tous les records
Quand on n’est pas soi-même un grand fan d’Indochine, il est difficile d’imaginer à quel point le groupe est fédérateur et totalement au service de son public. À chaque tournée, Nicola Sirkis et sa bande proposent des concerts longs, élaborés et démocratiques. Ces concerts sont d’ailleurs toujours sold out en quelques heures à peine.
À travers cette tournée des 40 ans de carrière, Indochine a voulu marquer le coup. Et pour cause, cette tournée est celle de tous les records.
Records d’affluence
Plusieurs membres du crew sont donc partis sur ce tour en “seulement” 6 dates, avec un record d’affluence enregistré pour chacune d’entre elles (toute discipline confondues en musique et sport). Au total, 417 799 spectateurs se sont rendus dans les différents stades de Paris, Bordeaux, Marseille, Lyon et Lille. À Paris, près de 100 000 personnes étaient présentes au Stade de France. Dans les autres stades, plus petits, on comptait entre 53 000 et 73 000 fans. Du jamais pour un groupe français !
Records techniques
Les riggers du Black Hand Crew comptaient parmi les quelque 250 techniciens présents pour monter la structure gigantesque de la scène. La fameuse tour d’écrans a par ailleurs particulièrement marqué les esprits et est devenue le symbole de cette tournée. Il s’agit du plus grand écran jamais utilisé pour un concert live, spécialement conçu par PRG France pour la tournée.
Topo des prouesses techniques et des records du Central Tour :
- Structure en acier : 150 tonnes
- Écran vidéo de 2500 m2 avec 1400 panneaux de led (68 tonnes).
- Lumière : 1500 projecteurs pour un poids de 10 tonnes
- Son : 30 tonnes
- 400 m de crash barrières
- Hauteur et poids total de la tour équipée : 45 mètres pour 258 tonnes
- Scène : 850m2
Pour le montage / démontage :
- 250 techniciens en tout
- 5 jours de montage 24h/24h et 1,5 jour de démontage par concert
- 4 grues (100 tonnes), 4 nacelles élévatrices (45 mètres), 20 chariots élévateurs et 70 semis remorques
- 950 roads sur la semaine
Le job des riggers du crew sur la tournée d’Indochine
Pour se préparer à ce travail, Alban, Alex et Raph se sont rendus du côté de Tildonk (Belgique flamande) pour un montage à blanc de cette immense tour présente sur la scène. Ensuite, il a bien fallu se lancer dans le grand bain en partant sur la préparation de la première date à Paris. Au programme : accrochage et mise en place de l’écran monté sur la tour en acier.
Ce que retiennent Alex et Alban de leurs journées de travail ? Une organisation au top, où tout était prévu pour que chaque équipe de techniciens puisse faire son boulot dans les temps.
Un challenge énorme pour le Black Hand Crew
La tournée des stades d’Indochine a pourtant bien été un gros challenge pour notre crew. À tel point que quand on nous a proposé le projet, on n’a d’abord pas été sûrs d’accepter. Certes l’opportunité faisait vraiment rêver mais les enjeux étaient énormes, ce qui a causé autant d’excitation que de stress. Autant vous dire qu’on a passé pas mal de nuits blanches à retourner toutes les options dans nos têtes et à se démener pour rendre cette collaboration possible.
Un défi de taille pour une opportunité inédite
Parce que oui, ça nous aurait quand même fait super mal au cœur de devoir refuser ce job. Pour nous qui travaillons d’habitude en collaboration avec des salles de concert ou des festivals, c’était la première fois qu’on avait l’occasion de partir sur une tournée de plusieurs dates. C’était aussi la plus grande scène et la plus grosse structure que nous n’avions jamais vues dans le cadre de notre boulot de riggers.
Du coup, on a voulu y aller ! On a fait nos comptes, plein de fois, car les frais engendrés étaient importants. On a réfléchi à notre organisation pour permettre à nos gars de partir sur ce tour. Car si ce sont bien 3 – 4 riggers du BHC présents sur la tournée d’Indochine, c’est en fait l’histoire de tout notre crew qui a dû s’adapter et s’impliquer pour qu’on puisse y arriver.
Après s’être beaucoup posé de questions et avoir fait pas mal de concessions, on s’est dit “Ok, go !” et on y est allé.
Bilan : le ressenti de notre team de riggers après la tournée
Maintenant qu’on vous en parle, on peut vous dire avec soulagement que tout s’est passé pour le mieux. Vu toutes les choses positives que nous avons pu retirer du Central Tour, on sait maintenant qu’on a eu raison de se faire confiance et de prendre des risques, notamment parce qu’on se sent désormais prêts à relever les plus grands défis (même la scène de Rammstein à Ostende nous a semblé petite…).
Une reconnaissance inédite
Les métiers de techniciens de spectacle sont peu connus du grand public et souvent peu reconnus. Celui de rigger ne fait pas exception, bien au contraire, et nous militons pour cette reconnaissance du métier. Sur cette tournée, en l’occurrence, le public s’est montré hyper reconnaissant. D’après Alban et Alex, de nombreuses personnes sont venues les remercier, les encourager et leur poser des questions à la fin des concerts. C’est ce qui les a le plus marqués sur cette tournée.
Ça s’est aussi ressenti sur les réseaux sociaux où certains fans d’Indochine se sont mis à nous suivre. Nicola Sirkis a par ailleurs posté une photo sur son compte Instagram avec le sticker du BHC et notre slogan : “Your shit, Our problem”. Une belle surprise qui a fait que nous nous sommes sentis considérés dans notre job et qui a contribué à répandre l’image du crew.
Une famille de riggers qui s’agrandit
Cette tournée a aussi permis quelques super belles rencontres. Le Black Hand Crew est une famille, mais cette famille s’étend au-delà de notre équipe et au-delà des frontières de la Belgique. Nous ne sommes pas nombreux à faire ce métier et il n’y a pas de concurrence entre nous. Nous avons rencontré des techniciens français et venus d’autres pays qui sont devenus de vrais amis. Il leur arrive maintenant de venir nous prêter main forte sur certaines dates en Belgique ou à l’étranger, et vice versa.
Une résonance internationale
Nous avons également pu élargir notre carnet d’adresses. Les métiers du spectacle fonctionnent beaucoup par recommandations et via le bouche à oreille. On est de plus en plus appelés à travailler sur des concerts ou festivals en France, en Allemagne ou encore en Autriche. Un job comme le Central Tour contribue à notre notoriété et à la confiance que les organisateurs nous accordent.
Dernièrement, nous avons participé à beaucoup d’événements en Europe. Alex a eu la chance de pouvoir participer à la réalisation d’une vidéo promotionnelle pour la marque d’équipement d’escalade Petzl. On commence à rayonner de plus en plus, non seulement pour la qualité de notre travail mais aussi pour la bonne ambiance qui règne systématiquement dans nos équipes et pour notre sympathie.
Vos retours qui nous font plaisir
Conclusion
Nous sommes reconnaissants et heureux d’avoir pu participer à la tournée des stades d’Indochine. Nous n’en tirons que du positif et on espère que les retours qui ont suivi nous aideront dans l’accomplissement de ce pour quoi nous nous battons : la reconnaissance du métier de rigger, d’une part, et d’autre part la mise en place de formations reconnues, qualitatives et accessibles.